Citation de Pablo Neruda

samedi 17 janvier 2009

MUERE LENTAMENTE « HOAX LITTÉRAIRE »


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« PABLO - RENATO PORTRAIT DANS LE PORTRAIT », 
LE POÈTE CHILIEN PABLO NERUDA POSE POUR SON 
AMI LE PEINTRE ITALIEN RENATO GUTTUSO, ROMA 1951. 
PHOTO ANTONELLO TROMBADORI


Les moyens de communication et leur fin furent un sujet qui interpella Neruda, comme on peut le voir dans Fin de monde (1969) :


« Ce fut le siècle communicatif des incommunications : les câbles au-dessous de la mer ont été parfois véritables lorsque le mensonge parvint à davantage de latitude et longitudes que l'océan : … »




Photos d'archive de l'agence EFE 
de la femme de lettres brésilienne 
Martha Medeiros, la vraie auteur DU 
poème, et du poète chilien sur une 
photo prise en 1956, à Budapest

Le poète n'a pas connu Internet, né quelques années après sa mort. Il n'a pas connu non plus la populaire invention de Timothy John Berners Lee (World Wide Web), ni ses effets pervers dans la diffusion des idées.

Il meurt lentement
est une poésie triviale, vaguement New Age, dans la ligne de ce que les québécois appellent « Bouillon de Poulet pour l'âme ». Il s’agit de textes qui réchauffent le cœur et remontent le moral. Le poème en question est un texte poétique qui s'est transformé, emporté dans un « hoax littéraire » de ce début de XXIe siècle.

Un « hoax » est une fausse information, non vérifiable, propagée spontanément par les internautes. Ces textes existent surtout sous forme de courrier électronique, ou de message sur des forums Internet. Ils encouragent les destinataires à les renvoyer à leurs contacts, ce qui crée une réaction « boule de neige ».

L'original « A Morte Devagar », a été publié le premier Novembre 2000 (la veille du Jour de Commémoration des fidèles défunts, fête des morts chrétienne) sur la page Web brésilienne Bacaninha, sous la signature de Martha Medeiros. On peut supposer que c’est l’auteur en personne qui l’a mis en ligne. Le texte a commencé à circuler sur Internet au moyen du système de « Chaînes de Lettres », en tant que poème de Pablo Neruda, atteignant une diffusion inespérée.

Si vous cherchez sur Internet [ "Muere lentamente", Neruda ] vous trouverez : avec Google un total de 23 600 réponses, avec AltaVista 132.000 résultats, avec Yahoo 132.000, et avec MSN Chercheur de Microsoft 24.100 résultats.

En raison des caractéristiques de la propagation des messages sur Internet, le faux texte de Neruda a eu des traductions multiples et une diffusion planétaire. Et ce, malgré les protestations et les réclamations de nerudistes de plusieurs pays. Le texte a poursuivi sa cyber existence et connut une propagation dans le Cyberespace.

La plaisanterie et sa mystification sont allés très loin, comme peut l'illustrer la fâcheuse posture dans laquelle s’est trouvée le Sénateur et Ministre Italien de la justice Clemente Mastella. En effet, ce dernier a lu ce texte publiquement en pensant que l'auteur était Pablo Neruda, ce qui provoqua une polémique en Italie, et motiva une réponse de l'éditeur italien de Neruda, Stefano Passigli.

Au début de l'année, c'est-à-dire huit ans plus tard, l'auteur a appelé la Fondation Neruda à Santiago du Chili pour éclaircir le sujet et pour réclamer la maternité du texte en question et pour mettre fin à l'histoire.

Le poème et son auteur ont été -semble-t-il- les seuls bénéficiaires de cette affaire, qui fut l’occasion du canular littéraire le plus répandu sur Internet en ce début de siècle.


MC

2 commentaires:

rached a dit…

BRAVO L'AMI

Je me délecte :))

Louis-Paul a dit…

Pourtant, sur le site très officiel de la 15ème édition du printemps des poètes et dans la rubrique « Pablo Neruda Hommage à l'occasion des 40 ans de sa disparition » un titre,
« Poèmes en ligne de Pablo Neruda à écouter » invite à suivre un lien
( http://lapoesiequejaime.net/neruda.htm) sur lequel apparait en 1er ce poème!
Dur de s’y retrouver non ?